Inexploré JOURNALISTE

Les volutes sacrées

Aujourd’hui, en Occident, le terme « encens » évoque généralement des bâtonnets colorés vendus pour parfumer la maison. Pourtant, autrefois, l’encens avait une fonction sacrée et des vertus thérapeutiques. Sous-estime-t-on le pouvoir de ses volutes parfumées ? A-t-il une influence sur notre organisme ? Comment l’utiliser ?

On raconte que les Rois mages, venus de très loin pour rendre hommage au nouveau-né Jésus, déposèrent de grandes richesses à ses pieds : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (Évangile selon saint Matthieu). Qu’est-ce qui vaut à l’encens (désignant autrefois l’essence oliban) et à la myrrhe d’être ainsi présentés comme des attributs du divin, offerts au Christ aux côtés de l’or ?

L’utilisation de l’encens dans le culte religieux remonte à la Haute Antiquité. En Chine, il y est mentionné dès 2 000 ans av. J.-C., son commerce était alors un enjeu économique majeur entre l’Orient et l’Occident, notamment au temps de la route de l’encens qui reliait l’Égypte au Yémen et à l’Inde. La valeur de l’encens pouvait alors être équivalente, voire supérieure, à celle de l’or. Romains et Grecs le considéraient comme extrêmement précieux, de même que les civilisations assyrienne et égyptienne qui l’utilisaient dans leurs cultes aux divinités.

L’oliban tout comme la myrrhe occupaient une place centrale dans les rites anciens : les Hébreux se servaient par exemple de la myrrhe pour fabriquer l’huile d’onction sainte des prêtres. L’auteure Martine de Sauto souligne que « mélangée à du vin, la myrrhe en augmentait la vertu euphorisante et, selon une coutume juive, ce breuvage était parfois proposé aux suppliciés pour atténuer leurs souffrances, ce qui fut justement le cas pour Jésus (Évangile selon saint Marc). » (source : Aleteia) Elle servait aussi à embaumer les morts, et la dépouille du Christ en aurait bénéficié (Évangile selon saint Jean). C’est dire son importance d’alors !

Le mot « encens » se traduit sen-netjer en égyptien, terme signifiant « ce qui rend divin »… Cette fumée s’élevant jusqu’aux cieux symbolise souvent un pont entre ciel et terre. « Que ma prière devant toi s’élève comme un encens et mes mains, comme l’offrande du soir », peut-on lire dans les Psaumes. Pas moins de 170 mentions de l’encens sont faites dans la Bible, et on le retrouve dans le Talmud, l’un des textes fondateurs du judaïsme. Dans le bouddhisme, la fumée établit traditionnellement un lien entre les vivants et les morts, ou plus largement, avec les êtres immatériels. Vincent Lauvergne, chercheur en ésotérisme, auteur et conférencier, ajoute que « dans tous les écrits les plus anciens, on trouve l’idée que la fumée de l’encens permet de conduire nos désirs vers la divinité pour qu’elle les exauce. Elle crée en quelque sorte une voie pour accéder à d’autres plans. »

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