L’histoire du jeune garçon à l’école des sorciers a traversé les générations. Si beaucoup l’apprécient comme une saga divertissante, peut-on y découvrir un second degré de lecture, et de « lourds secrets » comme l’a laissé entendre son auteure ?
Avec le psychiatre César Pierre Castagné, qui s’est intéressé à l’adaptation cinématographique, levons le voile sur la face cachée d’Harry Potter.
Qu’est-ce qui vous a amené à étudier la saga des films Harry Potter ?
En raison de ma pratique professionnelle de psychiatre psychothérapeute, il m’est arrivé de rencontrer de nombreux patients qui faisaient référence à l’œuvre de J-K Rowling. Cela m’a dès lors intéressé d’interagir avec eux via cette fiction qu’ils connaissaient spécifiquement et à travers laquelle ils se sentaient plus libres de s’exprimer sur le plan psychologique.
Au fil des années, j’ai orienté ma pratique vers l’étude des rêves. En analysant leurs motifs et leurs symboles, j’arrivais à des résultats surprenants mais difficilement reproductibles chez ceux ne rêvant pas. Je me suis donc demandé comment accéder à l’imaginaire de cette catégorie de patients. En recherche d’un nouvel outil pour enrichir représentations et projections personnelles, j’ai décidé d’appliquer les règles d’analyse, que j’avais déjà mises en place, aux fictions cinématographiques. C’est dans ces conditions que le cinéma m’est devenu un objet d’étude fascinant. Car c’est un continent largement inexploité par les sciences psychiques, un continent pourtant riche d’un enseignement décisif dans la compréhension de la psyché humaine. Ma spécialisation dans les études culturelles m’a ainsi permis d’utiliser, sur le plan thérapeutique, des référents symboliques empruntés à des œuvres du grand public, que ce soit des comédies, des blockbusters, des films d’animation comme ceux de Walt Disney ou de Pixar, ou encore les grandes séries et sagas de science-fiction populaires.
C’est à la conjonction de mon intérêt personnel thérapeutique et de la rencontre de patients passionnés par Harry Potter que mon immersion dans l’univers du petit sorcier s’est réalisée. J’en ai tiré des conclusions sur l’intrigue et des réflexions plus générales que je m’apprête à prochainement publier. J’ai abordé cette étude sur le plan des images cinématographiques, avant d’aller chercher des compléments d’informations sur Internet, notamment via les sites des communautés de fans très actifs.