« Je me sens en communication avec les forces telluriques de ce qui fut toute l’histoire de la France. Rien ne m’en écarte, et c’est ainsi que je finirai ». En 1981, Mitterrand annonce le démarrage de ses « grands travaux ». Des monuments aujourd’hui emblématiques de la capitale, et empreints de mystères.
Quelle histoire a voulu raconter celui que l’on surnommait « Le sphinx élyséen » ?
Quatre mois seulement après son arrivée à l’Elysée, François Mitterrand annonça les débuts d’une entreprise pharaonique : les « Grands Travaux », parmi lesquels figureront la Pyramide du Louvre, la Grande Arche de la Défense, la Très Grande Bibliothèque, les Colonnes de Buren, l’Opéra Bastille… Ces monuments, de par leur emplacement, leur architecture, de par l’attrait que l’on connaissait au Président pour ce qu’il nommait « forces de l’esprit », ont donné lieu à de nombreuses interprétations. On y a vu des symboles cachés, liés à la franc-maçonnerie, à l’Egypte antique, à l’occultisme, certains y ont lu un désir de laisser son empreinte, à la manière d’un monarque… Le président souhaitait-il transmettre un message caché? Etait il un grand initié comme certains le disent ?
François Mitterrand est le seul président Français à s’être exprimé aussi fréquemment, et spontanément, sur le sujet de la spiritualité et de la transcendance, qui dans notre société, sont généralement cantonnés dans le registre de la vie privée. Ceux qui l’ont connu disent qu’il était un homme de la terre, sensible aux énergies, et très intuitif. Son terreau éducatif fut profondément catholique. À 14 ans, il affirme même vouloir entrer au séminaire. Il s’imagine un grand destin, clamant vouloir être « roi ou pape »…
Bien qu’il s’éloigne de la religion au fil de sa vie, son questionnement métaphysique ne cessa de s’intensifier. En 1974, il se confie au journaliste Franz-Olivier Giesbert : « Enfant, j’étais croyant. Maintenant, franchement, je ne sais pas. Disons que, devant l’absence d’explication du monde, j’ai tendance à être déiste. Je ne fais pas partie de ceux pour qui tout n’est que hasard et nécessité. Au contraire, j’incline à penser qu’il y a une inspiration, derrière l’univers. Peut-être parce que mon esprit n’est pas très scientifique ; peut-être parce que le christianisme a modelé toute ma jeunesse. » Il portait notamment un vif intérêt pour toutes les expressions de la croyance, qu’elles soient écrites ou architecturales. Ce dernier point fut l’une de ses grandes passions. Etudiant, arpentant les rues de Paris, il s’imaginait déjà pouvoir modifier çà et là le visage de la capitale… Arrivé au sommet de l’Etat, il engage ainsi sa destinée, l’œuvre d’une vie.